CDDAT du 17/06/2020

Audition de représentants de l'Institute for Climate Economics (I4CE)


Madame La présidente, 

Au nom du groupe La République en Marche je voudrais vous remercier pour vos récents travaux sur l’investissement en faveur du climat et votre contribution à la sortie de crise. Trop souvent, ceux qui se soucient du climat, négligent ces aspects économiques et financiers et certains tendent même parfois à faire croire que la transition écologique pourrait s’extraire totalement de ces préoccupations. Vos travaux montrent qu’il n’en est rien et qu’au contraire, les deux sujets doivent marcher ensemble et se renforcer mutuellement. C’est une conviction que notre groupe politique partage.

Dans vos préconisations de relance, vous mettez très bien en avant les emplois générés par les secteurs que vous évoquez, mais vous ne calculez pas me semble-t-il les retours directs pour l’état (en taxes et impôts divers) sur ces activités. Ce type de calcul permettrait de rendre visible le fait que soutenir les emplois verts, n’est pas tant une dépense qu’un investissement. Il pourrait être intéressant de calculer en combien de mois, ces emplois créés rembourseraient l’investissement consenti par l’état à l’étape de leur création. Pouvez-vous nous éclairer là-dessus ? 

Dans le même principe, il est difficile de chiffrer le cout de l’inaction. Une équipe de climatologues Chinois s’y est essayé pendant la crise, et a estimé que le cout de l’inaction climatique est six à dix fois supérieur à celui de la stabilisation du réchauffement imposé par l’accord de Paris. Ils ont estimé que les 20 pays les plus riches de la planète devraient consacrer de 0,2 à 2% de leur PIB chaque année pour être dans la bonne trajectoire climatique et qu’à contrario, gérer notre inaction présente, aurait un coût équivalent à 2 à 12% du PIB. Autrement dit, ce serait un peu le coût d’une pandémie covid, chaque année… Que pensez-vous de ces travaux ? ne devrait-on pas toujours rappeler en parallèle des dépenses pour le climat le coût de l’inaction ? Comment ces études peuvent-elles, selon vous, devenir plus crédibles aux yeux des décideurs politiques ?

Sur le sujet de la rénovation énergétique des bâtiments, un des axes prioritaires de votre note, certaines études ont fait la démonstration que l’éradication du mal logement en Europe serait remboursé en 18 mois grâce aux économies sur les dépenses sociales et sanitaires. On chiffre désormais de mieux en mieux le coût pour la société de la mauvaise qualité de l’air (intérieur ou exterieur), du bruit ou encore des moisissures dans les logements… Et pourtant ces économies potentielles ne rentrent jamais dans nos calculs qui ne savent comptabiliser que les dépenses. Sur le même principe, il est encore plus compliqué de financer la prévention. Selon vous, qu’est ce que nous pourrions changer structurellement dans notre façon de gérer les budgets de l’état, pour que ces réfléxions sur les couts évités dans d’autres secteurs puissent être pris en compte ? 
Le combat budgétaire est un autre combat pour les parlementaires que le combat climatique, mais nous ne gagnerons certainement pas l’un sans l’autre. 

Je vous remercie donc à nouveau pour vos éclairages précieux dans ce domaine.
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